Samedi 20 nov. - J+6

Les copains sont partis

Aujourd'hui c'est le départ de la NFL, j'aurai une pensée particulière pour tous ceux qui vont se lancer dans cette aventure assez unique. 8 jours en courant. Faut être barge ;) Certains athlètes initialement prévus pour le déca seront là-bas. Allez les amis, profitez bien de votre semaine de folie! Que ce soit à Monaco ou à Monterrey, courir, c'est toujours courir.


Suivi du J7 - Valérie

En me levant ce matin pour aller rejoindre Christian, qui avait dormi dehors le long du parcours, j'ai vu un type qui courait dans le mauvais sens. L'inquiétude monte immédiatement : et si Christian s'était levé dans le gaz et était parti à contre-sens ? Je me précipite. C'est Antal, il fait le premier demi-tour de course à pied avant d'entamer les tours (cf. lettre d'hier). Christian est sur la piste, dans le bon sens. Il a relativement mal dormi, l'humidité était pénétrante. Je constate en effet que son duvet et les couvertures sont tous trempés. Dave aussi est en train de courir. Mais il se couchera à 5h du matin.

Belle foulee
Belle foulée, le style inimitable de la tête nue sous le cagnard : Sergio, accompagné pendant quelques mètres par Beto

Ici, ça reste le club de vacances, même si c'est un club de vacances un peu sportif. Jozsef et Dominique partagent une progression assez équivalente et les stands hongrois et français sont côte-à-côte. Ça y est, la décision est prise par Jozsef : Dominique, si on termine nous deux, on va boire une bière ensemble. Et Jozsef de m'apprendre, un peu plus tard dans la journée, que les deux mini futs sont déjà achetés.

Christian pense déjà à la fin pendant que je l'accompagne sur un tour. Il aimerait qu'on fasse le dernier tour ensemble, mais il me lance : si je suis vraiment en forme, tu ne pourras pas me suivre car je le ferai au carton. Je suis pour ma part persuadée qu'il ne pourra pas atteindre une vitesse que je ne peux pas atteindre en résistance dure.

Au camp de base, le buzz du jour, ceux qui lisent ma lettre d'information le savent déjà, c'est le film sur la natation au double-déca. Ils sont dans un état ! Et encore, le film ne montre même pas les yeux brûlés par le chlore, la peau desquamée, etc.

Christian commence à avoir envie de voir le film, lire les forums, les messages d'encouragement que j'ai reçus sur ma boîte, toutes ces infos d'internet que je lui transmets. Lui se sent seul. Et il en a plus que marre des bruits du parc. Toujours le soir les usines, les trains, les sonneries. Et le jour, la fanfare qui répète. Quand il était étudiant, Christian faisait partie d'une fanfare, dont tous les membres vivaient dans la résidence universitaire, au même étage du même bâtiment, le T4. Et au T4, surtout en début d'année scolaire quand les débutant étaient recrutés, on entendait à longueur de journée des pouets et des couacs. Tout le monde s'y habituait de gré ou de force. Mais Christian me l'assure : même le pire débutant de sa fanfare jouait mieux que ceux-ci, au Mexique.

Dominique Douvier
Dominique Douvier, ses beaux strappings : Make it happen!

A midi, Christian remet de la Nok sur ses pieds. Étrangement, il est le seul de la compétition à utiliser ce soin. Certains se tartinent de vaseline. Mais visiblement ils ne connaissent pas les crèmes spécifiquement anti-frottement : Ferenc lui dit son étonnement. Christian en a un peu marre de l'odeur. Tout ce qui l'entoure sent la Nok, même la nourriture qu'il prend avec les doigts. Malgré tout, cela reste indispensable, et il était temps d'en remettre : il a une ampoule à chaque pied. Il ne s'en était pas rendu compte : ses pieds brûlent tellement qu'il ne sent pas ces petits trucs-là.
Ce qu'il sent par contre, c'est une gêne sur le dessus du pied. Il cherche le pli de sa chaussure qui provoque cela, ne trouve rien. Il examine sa chaussette. Finalement, il découvre à l'intérieur une petite plante, de ces boules qui s'accrochent à tous les habits. Un souvenir d'Antibes, il en est certain. Les chaussettes trainaient dans la nature là-bas.

Cette journée est particulièrement chaude et même lourde, l'humidité de l'air est palpable. C'est vraiment un jour à glaces, me dis-je. Et j'ai encore du succès à la distribution de mes 5 glaces. Mais Christian ne va pas s'en contenter, alors qu'un peu plus tard il constate qu'il a l'occasion de faire un tour avec Wayne. Il me demande un peu d'argent, et part bras dessus bras dessous avec Wayne. David se lève alors et leur emboite le pas. Ni une ni deux, je cours vers Christian compléter la somme pour qu'il puisse payer 3 glaces. Un bon quart d'heure plus tard, nous voyons tous arriver mes trois lascars la main dans la main, et Christian a bien troqué ses deux billets pour 3 petites pièces.

Trois lascars
Trois lascars viennent de se manger une glace en faisant un tour au parc. De gauche à droite : Christian, Dave, Wayne

Ils arrivent tels des héros de science fiction (mais un peu lents, les héros), ca fait tiou, tiou, tiou, on croirait trois pistolets lasers. Christian a trouvé étrange, dès le début, que le son au passage puce soit un simple bip pour les vélos et un tiou de science fiction, évoquant bien plus la vitesse, pour la course à pied.

La chaleur demande de bonnes mesures de précaution, Christian est fier d'avoir trouvé un truc génial : une technique pour mouiller son bob en l'enfilant sur les mini-fontaines du parcours, ces robinets dont le jet est dirigé vers le haut pour que l'on puisse boire directement à la régalade.
Dominique de son côté vit les souffrances du début de déshydratation : sa tendinite se réveille. Il devient à nouveau difficile d'avancer et malheureusement, il ne nous croit pas quand on lui dit qu'il vaudrait mieux boire du Coca coupé d'eau pour moins solliciter l'organisme et plus lui offrir d'eau. Et en fin de journée, c'est le tendon d'Achille de l'autre jambe qui se réveille. Là, ça devient problématique car le tendon d'Achille, c'est crucial pour la course à pied qui suivra.

J'adore l'ambiance de la course, nous en parlons de plus en plus sur les portions que nous réalisons ensemble, Christian et moi. Nous nous connaissons de plus en plus, triathlètes, accompagnateurs. Je vais même féliciter Pari Lehman, la sœur de Roger, pour son super boulot : il gagne des heures avec une accompagnatrice si performante. Oui, elle adore ce boulot, comme moi.
Et puis il y a tout le suspens de la course. Christian prend le large par rapport à Dave, Dave a toujours une bonne avance sur les suivants. Mais la course à la troisième place est ouverte. Déjà, Sergio a doublé Wayne. Il a une belle foulée, une allure à la Henri Salvador. Mais Christian n'y croit pas plus que ça : il fait trop de pauses et il n'y a pas de prix du style. Et puis Antal n'était qu'à 7 tours devant Sergio en début d'après-midi, mais il s'accroche et est passé à 10 tours. Il a le visage déterminé, il ne s'arrête presque jamais. Nous croyons tous les deux que c'est lui qui va aller chercher le troisième place. Roger le laissera passer devant, si ça doit se faire, car on sent chez lui une motivation de finir simplement ce déca à son rythme, sans souci de sa position de course. Bref, Roger n'a pas la gnaque. Antal, si.

Dominique, lui, souffre. "T'y crois, toi ?", "C'est un truc de malades !" sont ses phrases fétiches. A quoi s'ajoute, à la nuit tombée, un "Et moi qui disais toujours que J'ADORE le vélo, qu'on voit du pays..."

Christian souffre mentalement. Il a des visions. Il me demande tout à coup : "Mais ils étaient là, avant, ces dessins sur le trottoir ?" puis au tour d'après il se plaint de la chaleur moite : "C'est terrible, on voit la fumée monter du sol. C'est tellement gros, qu'on se dit qu'on a des visions. Mais en vrai, c'est vrai ! Tu as vu toute la fumée ?" Non Christian, on peut se dire qu'on a des visions.

Pendant ce temps, 3 triathlètes du double ont dépassé la distance déca-ironman en vélo: 1800km, plus que 1800 de plus à faire... avant les 844 km de course à pied.
Et Christian qui ne va pas mieux. La micro-sieste de 10 min de 21h30 lui permettra de faire encore quelques tours avant un coucher plus tôt que les autres jours, à minuit trente. Mais il faut se préparer pour le grand jour. Pas sûr qu'il redorme avant la fin de la course. Malheureusement, l'objectif du jour n'est pas atteint : il voulait faire 130 km chaque jour comme à Antibes, il va se coucher avec 249 km au compteur. Mais demain est un autre jour, "I'll be back".

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Mis à jour le mercredi 01 décembre 2010.